L’Italie entre dans la course aux humanoïdes industriels

Generative Bionics lève 70 millions d’euros et place l’Italie dans la course aux humanoïdes industriels.

La bataille mondiale des robots humanoïdes ne se joue plus seulement entre la Silicon Valley et l’Asie. L’Italie entre à son tour dans l’arène. La startup Generative Bionics, issue de l’Institut Italien de Technologie (IIT), vient de boucler un tour de table de 70 millions d’euros, l’un des plus importants jamais réalisés en Europe dans le domaine de la robotique humanoïde deep tech.

Menée par CDP Venture Capital, via son Artificial Intelligence Fund, l’opération rassemble un consortium d’acteurs industriels et technologiques de premier plan. Parmi lesquels AMD Ventures, Eni Next, Duferco, RoboIT et Tether. Un signal clair : l’humanoïde n’est plus un sujet de recherche académique. Mais un enjeu industriel stratégique.

De la recherche fondamentale à l’industrialisation

Fondée en juillet 2024, Generative Bionics est l’héritière directe de plus de vingt ans de recherche en robotique humanoïde menés à l’IIT. Derrière la startup, on retrouve une équipe bien connue du monde scientifique : Daniele Pucci (CEO), Alessio Del Bue (Chief AI Officer), Marco Maggiali (CTO) et Andrea Pagnin (CBO), tous passés par l’institut génois.

L’IIT a d’ailleurs accordé à la jeune pousse des licences exclusives sur des technologies clés, issues notamment des programmes iCub, ergoCub et iRonCub. Une continuité assumée entre science et industrie. Que Giorgio Metta, directeur scientifique de l’IIT, décrit comme « l’aboutissement du transfert de la science vers le marché ».

Des humanoïdes pensés pour le terrain, pas pour la vitrine

À la différence de nombreux projets humanoïdes encore cantonnés aux démonstrations spectaculaires, Generative Bionics revendique une approche résolument orientée usages industriels. Ses robots sont conçus pour prendre en charge des tâches répétitives, dangereuses ou physiquement exigeantes. Dans des secteurs comme l’industrie manufacturière, la logistique, la santé ou le commerce.

Le socle technologique repose sur trois piliers :

  • un réseau distribué de capteurs tactiles et de force, hérité d’iCub, pour garantir des interactions physiques sûres ;

  • une architecture de Physical AI, perfectionnée avec ergoCub, permettant aux humanoïdes d’évoluer dans des environnements partagés avec les humains ;

  • des méthodes d’IA avancées, développées avec iRonCub, capables d’adapter les robots à des conditions extrêmes. Comme des températures élevées ou des environnements extérieurs complexes.

L’ensemble vise un objectif clair : des humanoïdes capables d’opérer de manière fiable et sécurisée dans le monde réel. Loin des scénarios contrôlés des laboratoires.

Une ambition industrielle assumée

La levée de fonds va permettre à Generative Bionics de changer d’échelle. Environ 70 ingénieurs issus de l’IIT rejoignent la startup. Epaulés par des spécialistes de la certification, de l’industrialisation et de la production. Les capitaux serviront à accélérer le développement produit, l’entraînement des systèmes de Physical AI, la validation industrielle et la construction d’une première usine de production.

Les premiers contrats de déploiement industriel sont attendus début 2026. Avec une mise en situation réelle des humanoïdes dans des environnements de production. Une étape clé pour crédibiliser une approche encore largement expérimentale à l’échelle mondiale.

Le pari du « Made in Italy » humanoïde

Autre singularité revendiquée : le design. Generative Bionics mise sur une esthétique « résolument italienne ». Travaillée dans les proportions, les matériaux et l’intégration homme-robot. Un choix qui rappelle que l’acceptabilité sociale des humanoïdes est désormais aussi importante que leurs performances techniques.

La version complète du premier humanoïde de la startup, réunissant ces briques technologiques et de design, sera dévoilée en première mondiale au CES de Las Vegas. Une scène symbolique pour une entreprise qui entend se positionner comme un acteur européen de référence face aux géants américains et asiatiques.

L’humanoïde, un marché qui change de dimension

Selon plusieurs analyses internationales citées par l’entreprise, le marché de la robotique humanoïde pourrait dépasser 200 milliards d’euros d’ici 2035. Et atteindre plusieurs milliers de milliards à l’horizon 2050. Des projections ambitieuses, mais révélatrices d’un changement de paradigme : l’humanoïde devient un outil industriel crédible.

Avec Generative Bionics, l’Italie ne se contente plus d’observer cette transformation. Elle entend y prendre part. En misant sur un modèle où recherche publique, industrie et design avancent de concert. Reste désormais à transformer l’excellence scientifique en robots réellement opérationnels sur le terrain – le véritable juge de paix de cette nouvelle génération d’humanoïdes

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